lundi

Le sapin chrétien, le lapin crétin et la rumeur d’Orléans



Comme beaucoup de monde, j’ai été frappé par l’avalanche de bassesses racistes qui a inondé les réseaux sociaux ce week-end, à partir d’une rumeur d’autant plus stupide qu’aucun de ses relayeurs n’avait pris la peine d’en vérifier la véracité : le fameux scandale du sapin de Noël de la Grand Place de Bruxelles.

Tout est parti d’un article citant la réaction de la conseillère communale démocrate-chrétienne Bianca Debaets, suite à l’annonce faite par la ville de Bruxelles de remplacer le traditionnel sapin de Noël de la Grand Place par une « sculpture de lumière ». Celle-ci avait fait part de ses suspicions : le sapin de Noël aurait été selon elle supprimé à cause de ses « références religieuses », à l’instar du marché de Noël qui avait déjà été rebaptisé « Plaisirs d’Hiver ».

Immédiatement, l’article a été abondamment commenté sur les réseaux sociaux, à coups de « On n’est plus chez nous », « Qu’ils rentrent chez eux », « C’est à eux de s’adapter, pas à nous » qui visaient systématiquement la même communauté : les Musulmans, responsables de ce crime de lèse majesté sur la personne du pinède le plus célèbre de la capitale, sans même en avoir jamais exprimé la demande.

Pourtant, quelques simples vérifications auraient évité aux racistes version 2.0 de se couvrir (une nouvelle fois) de ridicule.

Primo, le sapin n’est aucunement une référence chrétienne. Il s’agit d’une tradition païenne, associée à la fête de Noël. Difficile d’en trouver la moindre trace dans la Bible.

Secundo, le sapin est remplacé par une sculpture en forme de… sapin. En termes d’attaque dirigée contre un symbole, on a déjà fait mieux. Un peu comme si les Talibans avaient remplacé les Buddhas de Bamyian par une sculpture en forme de Buddha. Par ailleurs, la crèche de Noël de la Grand Place, véritable symbole chrétien, est pour sa part maintenue, sans que la moindre communauté non-chrétienne ne semble s’en émouvoir.

Tertio, un simple clic sur le site web de Plaisirs d’Hiver aurait permis de comprendre que cette appellation n’a nullement remplacé le Marché de Noël. Celui-ci est d’ailleurs mis en évidence dès la page d’accueil du site. « Plaisirs d’Hiver » est le nom commun attribué à toutes les activités bruxelloises organisées dans le cadre des fêtes de fin d’année : le Marché de Noël, mais aussi la patinoire, les expos, etc. L’honneur chrétien est donc sauf : on pourra toujours se caresser le chapelet en se goinfrant de tartiflette.

Toute cette déferlante de réactions indignées, mais complètement infondées, me rappelle un cas d’école que j’avais étudié sur les bancs de l’université : la Rumeur d’Orléans, à laquelle le sociologue Edgar Morin a consacré un livre entier. En 1969, une rumeur s’empara de la ville d’Orléans : des jeunes filles seraient enlevées dans les cabines d’essayage de plusieurs magasins de la ville, pour être ensuite exploitées dans des réseaux de prostitution. La rumeur a rapidement gagné la ville et a été largement commentée dans les journaux. Pourtant, aucun cas de disparition n’avait été signalé à la police locale, puisque tout était faux. Comment dès lors expliquer la rumeur ? Le sociologue Edgar Morin y voit le symptôme d’une société en plein changement qui avait besoin d’un bouc émissaire. Car, détail croustillant de la rumeur d’Orléans, les commerçants visés par cette vendetta populaire avaient un point commun : ils étaient tous Juifs. L’affaire de la rumeur d’Orléans démontre donc par l’absurde comment, inconsciemment, la société française post-mai 68 s’est imprégnée d’un certain antisémitisme pour se détourner des défis qui l’attendaient.

L’analogie avec la crise que nous traversons depuis 2008 est presque parfaite. Crise d’identité, crise économique, crise de valeurs, doutes et incertitudes : tous les éléments sont rassemblés pour rejeter sur l’Autre, cette construction mentale, la responsabilité de tous nos malheurs. Mais depuis 1969, un détail a changé dans le chef de l’ennemi. Ce n’est plus le Juif (les cours d’histoire semblent finalement avoir porté leurs fruits, quoi que…) mais le Musulman qui incarne la menace. Je ne lis pas beaucoup de livres de sociologie mais le hasard fait que j’ai récemment dévoré « Genèse du populisme » de Pierre Birnbaum. Sans doute avais-je anticipé la dérive raciste d’une partie de mes contacts Facebook. Dans celui-ci, cet autre sociologue français explique comment l’antisémitisme agité par l’extrême-droite au milieu du siècle dernier s’est progressivement muté en islamophobie latente. La cible a changé, mais le motif reste le même : perte de repères, crise d’identité, recherche d’un ennemi intérieur infiltré, soupçon d’un vaste complot (la charia reprenant le rôle du sionisme), etc. Pas étonnant dès lors que, sur les réseaux sociaux, je croise ça et là l’un ou l’autre excité qui n’hésite pas à sortir les sempiternels refrains du « qu’ils s’adaptent ou qu’ils rentrent chez eux », visant ainsi une communauté imaginaire, censée consolider toutes les phobies du bon Belge de souche (autre construction mentale) : la charia, le voile, l’excision, le 11 septembre, la fête du mouton, la viande halal, les mosquées, les chaussures Dockside, les trainings en peau de pêche et les casquettes blanches.

Il y a quand même un dernier détail qui m’échappe : pourquoi ceux qui combattent le voile au nom de la laïcité, défendent en même temps le sapin au nom de ses (fausses) racines chrétiennes ? Décidément, le raciste 2.0 qui s’ignore peut faire flèche de tout bois. Entre le sapin chrétien et le lapin crétin, la différence reste minime. Je fais des rimes. Et ça me déprime.

Lire l’interview d’Edgar Morin sur la Rumeur d’Orléans, quarante ans après.


Mise à jour 13/11/2012, 12h59 :

Je me permets d'ajouter en illustration ce tweet qui résume en une phrase ce que j'ai mis une heure à rédiger :





26 commentaires:

  1. Attention!
    Ce que la population craint n'est pas une "invasion" de musulmans, et j'ai même envie de dire que la très grande majorité du peuple belge est loin d'être raciste!

    Non, ce que la population craint, c'est de se voir imposer, petit à petit, une culture qui n'est nullement la sienne, et je parle de culture mais je devrais plutôt parler de religion!
    Car il faut tout de même noter que la culture des pays islamiques est très correcte sur le fond, basée sur des valeurs familliales, sur des valeurs nationales, de respect et de communauté...

    Le problème, c'est que malheureusement, l'islam dans certains pays, à savoir par exemple l'Arabie Saoudite, a une tendance fâcheuse à partir dans certaines dérives extrèmement dangereuses, extrémistes, et racistes envers les pays occidentaux!
    (Non pas envers les pays eux-mêmes, mais envers le religions "impures" de ces pays).

    Il est un fait que l'Arabie Saoudite tente d'islamiser le monde entier, et ceci n'est pas une parole "en l'air", par exemple, en Islande, un groupe musulman est en train de tenter de construire une mosquée (la première officielle d'Islande), et si chacun a le droit de pratiquer sa propre religion, il est aussi le droit de chaque peuple de ne pas accepter la manière dont une religion étrangère tente de "s'imposer"...
    Pourquoi l'Islande réagit-elle négativement à cette nouvelle mosquée?
    Car dès le départ, l'Arabie Saoudite a investit à coups de centaines de milliers d'Euros (conversion des Couronnes islandaises) rien que pour aider ce groupe à se "battre" au tribunal!!!
    Si ceci n'est pas un exemple d'imposition à une nation de sa volonté d'y introduire l'islam, qu'est-ce donc???

    Voilà d'où, entre autres, naissent les craintes des citoyens belges!
    Cessons de parler de RACISME, car le racisme est la haine et la peur d'une race...
    Dans le cas de la Belgique et du peuple belge, la crainte ne vient pas d'une race, elle vient du fait de se voire imposer une religion!
    Ne pas vouloir adhérer, voire plier ou faire des concessions à sa propre culture, à ses propres valeurs, n'est pas du racisme et est même très loin d'en être!

    Si il est un droit fondamental à chaque être humain de croire et d'adhérer à ses propres valeurs, il est un droit égal que les valeurs d'un peuple tout entier, sur son propre territoire, soient respectées!

    Non, le blege n'est pas raciste, et est loin de l'être!!!
    Le belge a peur...
    Et quand un être humain a peur, la première chose à faire n'est certainement pas de le traiter de raciste à tous vents...
    La première chose à faire quand un peuple tout entier s'oppose à une chose aussi "banale" mais pourtant si symbolique que celle du retrait de son sapin (et ceci n'est qu'un échantillon de la peur), c'est de comprendre!
    Se poser des questions et être à l'écoute de ce peuple, qui demande des réponses concrètes, et qui demande que l'on cesse de s'attaquer à ses valeurs, que l'attaque vienne d'une religion ou pas, car même si dans ce cas précis, le sapin n'a pas été ôté pour des raisons religieuses, c'est une blessure dans le coeur des bleges...

    Depuis notre plus tendre enfance, la tradition de Noël se voit accompagnée d'un magnifique sapin illuminé, et non d'une structure répugnante digne d'un échaffaudage de construction, dont PERSONNE n'a été informé au départ, et dont on n'a demandé à PERSONNE l'avis avant de prendre cette décision!!!

    Alors maltraiter les gens de "crétins" lorsque c'est toute une nation qui se voit déçue d'une décision pareille, je pense personnellement que c'est très mal venu!!!

    Ludo Masuir...

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    1. Monsieur Masuir,

      Vous auriez gagné en temps et en clarté en disant simplement: "Je ne suis pas raciste mais les arabes me font peur"

      Ca vous aurait laissé un peu de place pour développer d'autres arguments de la même profondeur comme:

      "Je suis pas raciste, mon voisin est arabe"

      ou encore: "Y'en a des bien"

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    2. #Niaco
      Pitoyable commentaire!!! :-/

      Avant de vous arrêter à vos idées préconçues, essayez donc de vous renseigner autour de vous, de parler aux gens...
      Le problème avec quelqu'un comme vous, quelqu'un d'obtu, c'est que les gens n'oseront jamais vous faire part de ce qu'ils pensent ou ressentent, car ils sauront d'avance que vous les classifierez dans une catégorie avant même d'avoir essayé de les comprendre!
      J'espère que vous n'avez pas d'enfants car vous semblez faire l'objet d'une psychologie tendancieusement limitée, à moins que vous ne réserviez celle-ci uniquement aux gens que vous ne connaissez pas!
      Si enfants vous avez, pensez donc à quelle serait votre réaction si ils vous disaient qu'ils ont peur d'un camarade d'école!
      Leurs diriez-vous: "Bande de voyoux"
      Ou essayeriez-vous de comprendre ce qu'il se passe, pourquoi cette peur???

      Je n'ai rien à ajouter à part que je remercie toutes les personnes qui ont pris le temps de donner leur opinion de façon respectueuse et ouverte d'esprit, à l'exception de celle-ci!!!

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    3. Monsieur,

      Encore une fois, vous jetez un écran de fumée oratoire parfaitement inutile.

      Vous auriez mieux fait de dire: "je me sens insulté par votre commentaire et je pense que vous êtes un imbécile".

      ça vous aurait évité le ridicule d'expressions comme "psychologie tendancieusement limitée", qui ne veut absolument rien dire.

      Ceci dit, je ne voudrais pas que vous pensiez que votre posture de xénophobe pseudo-humaniste me laisse sans arguments. Je vais donc m'abaisser à vous répondre sur le fond de toilette qui vous sert d'argumentaire.

      Primo, le remplacement du sapin de la Grand-Place par une, heu, sculpture lumineuse, n'est pas le fait d'une pression quelconque de la communauté musulmane. Supposons que cela ait été le cas: imaginez-vous une seule seconde que remplacer un sapin par une sculpture en forme de sapin aurait constitué une solution satisfaisante aux yeux des musulmans en question? Bien sûr que non.

      Bref, en plus d'être contrefactuelle, cette théorie est complètement idiote.

      Pour le reste, votre argumentation tient en deux phrases:

      "Les Belges ne sont pas racistes, ils ont peur. C'est la faute aux musulmans qui attaquent notre culture"

      Bon. Commençons par dire que la peur de l'autre, en tant que personne ou en tant qu'incarnation d'une religion, ça porte un nom: la xénophobie. Et la xénophobie, c'est tellement proche du racisme, que les mots sont pratiquement synonymes. Pinaillez si vous voulez, mais on a rarement vu de raciste xénophile ou de xénophobe défendre l'interculturalité.

      Bref, en disant "le Belge n'est pas raciste, il a peur" vous ne réfutez rien du tout.

      En fait, sous couvert de comprendre le pauvre belge apeuré, vous entreprenez de justifier une position xénophobe, en agitant au passage le spectre du complot talibano-halal (ils veulent nous imposer leur religion, etc).

      Vous faites d'ailleurs avec la religion ce que vous faites avec la peur: c'est mal d'être raciste, alors on va dire qu'on a peur. C'est mal de montrer les gens du doigt, alors on va montrer leur religion. Vous croyez vraiment que ça se voit pas?

      De même, vous faites la différence entre un « bon islam », plein de valeurs familiales et nationales et j’en passe, et le « mauvais islam » de l’Arabie Saoudite, sans préciser quelle est, selon vous la situation en Belgique. Evidemment, quand on voit la façon dont vous décrivez la situation chez nous, on comprend bien qu’on n’a pas affaire au bon islam. Bref : « Y’en a des bien, mais pas chez nous ». Vous êtes sûr que vous ne voulez pas parler de votre copain arabe ?

      La vérité c’est que la situation de l’islam et des musulmans de Belgique est bien plus complexe que vos raccourcis mal déguisés ne le laissent entendre. Tout comme la position du « peuple belge » qui s’opposerait « tout entier au retrait de son sapin ».

      Franchement vous êtes qui pour dire ça?

      Vous vous prenez pour Laurent Louis?

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    4. Ceci laisse une belle place pour nous décrire avec force d'arguments la dite situation de l'islam et des musulmans de Belgique...

      Car mis à part de l'insulte directe et grossière, l'utilisation quasi complète des figures de styles de l'argumentaire "ad hominem" de "Comment avoir toujours raison : petit opuscule de rhétorique" laisse un vide cruel dans le débat de fond.

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    5. En évitant "l'insulte directe et grossière", je me vois contraint de vous faire remarquer que vous n'avez apparemment pas compris le sujet de cet article. Pourquoi débattre de la situation de l'Islam et des musulmans de Belgique dans les commentaires d'un article qui démontre justement que ces questions n'ont pas leur place dans la mini-polémique autour du sapin de la Grand Place ? Puisque le remplacement d'un sapin par une sculpture (en forme de sapin) n'a absolument aucun lien avec une quelconque communauté religieuse, un tel débat serait tout simplement hors sujet.

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    6. Dans ce cas pourquoi argumenter en ce sens pour "démonter" l'argument de l'intervenant?

      Et de ma fenêtre :
      "Ceci dit, je ne voudrais pas que vous pensiez que votre posture de xénophobe pseudo-humaniste me laisse sans arguments. Je vais donc m'abaisser à vous répondre sur le fond de toilette qui vous sert d'argumentaire."
      s'apparente à une insulte directe et grossière.

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    7. Pour signaler au passage "une incohérence conceptuelle de l'argumentaire critiqué". C'est votre définition du débat, non?

      Je vous laisse juger de ce que vous trouvez grossier. En ce qui concerne les insultes "directes" et les attaques "ad hominem", je invite à relire Mr Masuir à la lueur de votre collection de Larousse.

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  2. Commentaire extrêmement bien écrit, merci.

    Je partage également cette peur de l'oblitération culturelle et ce d'où qu'elle vienne. La globalisation des valeurs capitalistes en tête.

    Dans le cas évoqué ici je me dois de disséquer la religion en deux organes principaux: ses rites et sa philosophie.
    Si l'essence même de la philosophie est de confronter ses idées pour évoluer vers plus de sagesse, se limiter aux rites n'est rien d'autre que de la lobotomie organisée -dénoncée à la grande époque des chasses aux sectes en France fin 90, mais c'est un autre débat- en vue de rendre une masse docile et manipulable (capitalisme en tête).

    Il est cependant effrayant de constater que la majorité des religieux versés uniquement dans les rites de leur culte on de tout temps été sanguinaires et intéressés et ce tous camps confondus.
    De même il ne l'est pas moins de constater que les études "philosophiques" -et scientifique aussi malheureusement- font d'année en année d'avantage la part belle aux citations et à la régurgitation historique qu'a l'élaboration d'une pensée propre...

    Ne serais ce pas là l'enjeu véritable de notre époque de bombardement médiatique dont la redondance est souvent inversément proportionnelle à leur véracité et toujours à leur intérêt? Simplement avoir un avis objectif et personnel.

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  3. Merci pour votre commentaire, monsieur Masuir.

    Je viens de relire l'article attentivement et je maintiens chaque mot et chaque virgule que j'ai écrits. A savoir que :

    - ceux qui relaient des infos douteuses sans en vérifier la véracité sont des crétins.

    - ceux qui détournent un (non-)événement pour en tirer des conclusions telles que "Qu'ils rentrent chez eux" à l'adresse de la communauté musulmane sont des racistes.

    Pour le reste, quelques remarques en vrac :

    Une commune n'a pas à demander l'avis de la population avant chacune de ses décisions. Une démocratie représentative telle que la nôtre s'exerce dans le cadre des débats d'un conseil communal, débats qui sont publics et ouverts à tous. La population qui daigne s'intéresser à la politique locale était donc informée.

    Votre définition du racisme ("la haine et la peur d'une race") vient à nier le concept même de racisme, puisque la notion de race n'a pas de fondement scientifique. Selon votre définition, le racisme n'existe donc pas.

    Par ailleurs, je doute que, comme vous le prétendez, "un peuple tout entier s'oppose (...) au retrait du sapin", ni que "toute une nation se voit déçue d'une décision pareille". Quelques milliers de signatures sur une pétition laisse encore le droit, à ce que je sache, aux quelques millions qui ne l'ont pas fait de voir leur opinion prise en considération.

    Enfin, votre tirade sur la peur est la meilleure illustration de l'analogie avec la Rumeur d'Orléans: peurs, angoisses, incertitudes qui se matérialisent à travers un racisme latent. Quarante ans plus tard, la thèse d'Edgar Morin se vérifie toujours. Merci pour lui.



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  4. Monsieur Masuir,

    Le racisme, ce n'est pas seulement "la peur et la haine d'une race" comme vous dites, mais aussi toute "Attitude d'hostilité systématique à l'égard d'une catégorie déterminée de personnes. Exemple: racisme antijeunes." (définition du Larousse en ligne).
    De plus, une "race" c'est une "Catégorie de classement de l'espèce humaine selon des critères morphologiques ou culturels[...]" (toujours la même source). Alors que ce soit une déferlante de haine vis-à-vis d'une race et/ou d'une religion, c'est du pareil au même: c'est du racisme!

    Quant aux raisons sous-jacentes de ces réactions, l'auteur de cet article l'explique bien: à chaque période "difficile", le peuple déboussolé se choisit un bouc émissaire: tantôt les juifs, aujourd'hui les musulmans. Est-ce que le fait de le rejeter et le supprimer résoudra ces peurs? Je laisse vos cours d'histoire se rappeler à votre bon souvenir...
    C'est au niveau économique qu'il faut agir. Et cette réalité économique concerne tous les belges, quelle que soit leur confession. Mais au lieu de se focaliser sur le bon débat, la foule préfère s'inquiéter d'un sujet aussi bateau que celui-ci...

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    1. Bravo pour votre effort d'information et de vérification.
      Cependant il est de notoriété publique que l'évolution de la langue française vers un nov-langue tout a fait digne d'Orwell crée un tel amalgame de concepts représentés par les mêmes termes qu'il est souvent préférable de leur utilisés leurs ancêtres.

      Il me semble donc que "la peur et la haine d'une race" et en conséquence "Attitude d'hostilité systématique à l'égard d'une catégorie déterminée de personnes" s'apparente plutôt à la xénophobie...
      Le racisme tendait à une croyance de hiérarchie des races parfois aussi dans le sens du devoir de l'une d'en aider d'autres.
      Et le concept de race est une réalité taxonomique.

      Pour la suite, si l'histoire doit être étudiée pour ne pas faire les mêmes erreurs il ne faut pas faire l'erreur souvent répétée d'amalgamer les situations et les contextes sans avoir la certitude (concept flou je vous l'accorde) de connaitre de façon exhaustive les mécanismes sous-jacents d'une réaction populaire.
      De ce fait si cela ne vous fait rien je voudrais vous remémorer la base du cours d'histoire:"L'histoire est toujours écrite par les vainqueurs et de par ce fait manque généralement d'objectivité et d'exhaustivité en matière de documents de travail".

      Enfin je partage votre avis sur le niveau économique et serais enchanté que vous m'envoyiez votre avis personnel et vos idées à ce sujet.

      Dans l'attente de votre mail je vous souhaites une excellente après-midi.

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    2. Pour votre information: l'utilisation de beaux mots et les références culturelles ne vous dispensent pas d'appliquer les règles de grammaire élémentaires.

      Sachez aussi qu'il ne suffit pas de mettre une phrase entre guillemets pour en faire une citation. Citer ses sources est aussi de rigueur. Surtout quand la citation en question se veut une leçon de critique historique.

      Tout comme Mr Masuir, votre discours gagnerait en clarté ce qu'il perdrait en fausse profondeur si vous vous exprimiez de manière plus concise. Vous auriez pu dire par exemple:

      "Il ne faut pas confondre racisme et xénophobie. La xénophobie, c'est la haine de l'autre, c'est mal. Le racisme, c'est dire que les noirs sont de grands enfants, ça n'empêche pas de vouloir les aider, et ça, c'est pas si mal."

      Et enchaîner sur:

      "Vous citez une source qui ne va pas dans mon sens, mais je ne me sens pas obligé-e d'en accepter les conclusions. Je me justifie en me réfugiant derrière un principe général, sans me soucier de savoir s'il s'applique à la source que vous citez"

      Vous voyez? Le contenu est le même, sans être obscurci par des références maladroites.

      Car enfin, vous prétendez que le français évolue vers "un nov-langue digne d'Orwell". C'est "de notoriété publique". Ah bon? Vous avez des sources qui le confirment. De manière complète et exhaustive? Car s'il faut éviter l'amalgame historique au nom de la compréhension exhaustive du contexte et des mécanismes (humains) qui lui sont sous-jacents, je ne vois pas en quoi procéder au même type d'amalgame au niveau linguistique serait acceptable. Conformez-vous aux standards que vous imposez aux autres, c'est la moindre des honnêtetés.

      -

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    3. Je suis loin d'être un auteur et encore moins on orateur et je vous prie de m'excuser si mon discours est confus.

      Cependant j'ai pus voire l'évolution des définitions du petit Larousse illustré de l'édition 1989, 1995, 2005 et 2011 pour les avoir utilisés (comme vous le faites justement remarquer ma maitrise de la grammaire est toute relative).

      La phrase incriminée n'est pas une citation mais une simple phrase que j'ai retranscrite au sens après avoir pu la lire dans les cours d'histoires des élèves que j'aide pour étudier.

      Et enfin bien que votre réponse m'aie éclairé sur mes lacunes d'auteur, un peu de contenue de votre part sur le fond ne serait pas de refus, à moins que je ne sois même pas au niveau désagréable de vous faire entrer dans un débat d'idées et pas de forme tel que vous l'exprimez si bien par: "...je sais pas vous, mais moi quand je m'investis dans un débat, je n'en sors jamais vraiment avant le dénouement. Surtout quand le mec en face de moi me tape sur les nerfs." (de vous même)

      Si mon style vous parait faussement profond j'essaie simplement d'être précis dans la description des concepts que j'utilise.
      Je ne me serais d'ailleurs jamais permis de jugement de valeur en qualifiant telle ou telle chose de "mal" voir "pas si mal".

      Sur ce je suis toujours en grande attente d'un débat de fond sur le sujet...

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    4. Je viens de relire l'ensemble de l'échange, et je me rends compte que j'y ai été un peu fort. Je m'en excuse.

      Ceci dit, la manière dont vous formulez la différence entre racisme et xénophobie prête le flanc à la caricature que j'en fais.

      De même, il est louable de vouloir éviter les amalgames, mais à trop prendre de précautions, on se prive de comparaisons utiles. En l'occurrence, il est impossible de connaître tous les mécanismes humains à l'oeuvre à un moment historique donné. C'est une incertitude propre aux sciences humaines.

      Dans le cas présent, j'estime que l'analyse de Morin telle que présentée et reprise par AL s'applique à notre histoire de sapin. Les similitudes entre lmes deux situations me semblent suffisantes, et l'explication avancée me paraît convaincante.

      Le grand débat de fond que vous attendez me semble plus porter sur les solutions que sur les causes de l'islamophobie.

      C'est une question difficile, si on veut éviter de tomber dans la politique de comptoir.

      Ce qui me paraît évident, c'est que les acteurs les plus à même de susciter le changement ne feront rien, en tout cas rien de significatif à court terme. Le politique parce que tant qu'on se bat pour un sapin de Noël, on ne pose pas trop de questions sur Dexia, les intérêts notionnels ou l'impôt sur la fortune; les médias parce que ça fait vendre sans demander trop de travail d'investigation.

      Que faire en tant que citoyen? Commencer par refuser cette diversion. Interpeler le politique et les médias autant qu'on le peut (réseaux sociaux, monde associatif, courrier des lecteurs...), bref faire pression à son échelle, pour déplacer l'attention sur les vraies questions de fond actuelles: les inégalités, la qualité de l'enseignement, l'accès à des conditions de vie décentes pour tous, et bien sûr, comment on paie pour tout ça.

      Le jour où on parlera avec autant de passion des intérêts notionnels (qui le méritent amplement) que du sapin de Noël, le belge soi-disant apeuré se rendra compte qu'il a bien plus en commun avec son boucher arabe qu'avec Albert Frère.

      Bon, on aura pas échappé à la politique de comptoir mais vous vouliez mes idées, les voilà: refuser et dénoncer le racisme déguisé en humanisme, et faire pression comme on le peut pour recentrer le débat public sur de vraies questions de société.

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  5. Je suis tout à fait d'accord avec AL, ainsi qu'avec sa réaction au commentaire de Monsieur Masuir.
    Je suis contente de constater qu'il y a encore des gens qui réfléchissent avant de s'exprimer.

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  6. Toutes ces réactions excitées aux commentaires raisonnables et mesurés de M. Masuir, montrent combien puissante est aujourd'hui la police de la pensée. Et expliqueront demain les votes en faveur de partis d'extrême-droite.

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    1. Puissante en quoi? Il a un avis, il l'a exprimé, d'autres ont réagi. C'est le principe du débat.



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    2. Le débat ne consiste pas à réagir mais à confronter des idées. Ce qui malheureusement manque cruellement dans vos si orthographiquement brillantes interventions.

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  7. Débattre c'est confronter et critiquer des idées. Mes idées se retrouvent dans l'article, mes critiques dans mes commentaires.

    J'adhère totalement au contenu du billet, et je ne vois pas de raison de redire moins bien ce qui a déjà été dit. Jusqu'ici aucun commentaire ne m'a semblé demander de réponse sur le fond, excepté la réponse insultante de Mr Masuir à ma provocation.

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    1. Une critique se construit par une incohérence conceptuelle de l'argumentaire critiqué. Sinon c'est tout au plus les divagations d'un aigri qui se donne un peu de contenance.

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  8. Bon, mis à part l'auteur, y a t'il un lecteur qui pourrait donner son avis? que le débat avance...
    Sinon pour l'auteur, c'est pas pénible d'écrire l'article et la majorité des coms?
    Et comment gère t'on autant de comptes?
    Une boite de communication?

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    1. J'ai écrit un article et 3 commentaires en comptant celui-ci. Je ne gère qu'un seul compte. Qu'est-ce qui vous fait croire le contraire ?

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  9. Dans l'ensemble, j'approuve le contenu de l'article. Il est sain de recadrer les débats qui tendent à s'envoler vers des analyses orientées par la paranoïa.

    Une remarque toutefois :

    Ce paragraphe à une fâcheuse tendance à hérisser les poils de mon avant-bras gauche.

    "Une commune n'a pas à demander l'avis de la population avant chacune de ses décisions. Une démocratie représentative telle que la nôtre s'exerce dans le cadre des débats d'un conseil communal, débats qui sont publics et ouverts à tous. La population qui daigne s'intéresser à la politique locale était donc informée."

    La démocratie est un bon système tant qu'il ne perd pas contact avec sa substance, le peuple. La représentation démocratique, hélas, a trop souvent le tort de considérer le mandat du peuple comme un blanc-seing. Considérer que la population présente aux conseils est représentative de la population concernée par le mandat électoral est réducteur et partisan. C'est ignorer tous ceux qui ne peuvent pas y participer, et qui ne sont pas pour autant informés, avant action, des objectifs de la représentation démocratique. Je pense qu'il y a beaucoup, énormément à faire pour faire progresser nos démocraties qui sont même, à mon sens, en recul sur ce point par rapport à ce qu'une société moderne peut en attendre.

    Je cite également cette phrase, trouvée plus loin sur le même commentaire :
    "Quelques milliers de signatures sur une pétition laisse encore le droit, à ce que je sache, aux quelques millions qui ne l'ont pas fait de voir leur opinion prise en considération."

    Dans la même logique que le paragraphe précédent, ne peut on pas dire que la population qui daigne être informée a signé la pétition ou aurait tout aussi bien pu établir une contre-pétition ?

    Enfin, sur le fond, une fois encore, on voit que la paranoïa de l'ostracisme résulte de mouvements intuitifs, de ressentis basiques dénués de sens et d'un manque d'éducation. Car au fond, c'est bien là que le bât blesse : Education et philosophies sont les parents d'une pensée raisonnée sans laquelle l'homme est irrémédiablement attiré vers des réactions animales. D'où l’intérêt d'un tel article : enseigner !

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  10. bonjour à tous, je viens de terminer la lecture de votre débat que je trouve très enrichissant,n'ayant pas le bagage je n'y participerai pas; cependant permettez moi une brève aparté, l'islam est une religion monothéiste qui de plus vient du même berceau que le judaisme et le christianisme.A la lecture du saint Coran vous pourrez constater que l'islam reconnait tout les prophètes de Dieu.Loin de moi l'idée d'orienter le débat vers le religieux mais il me semble que beaucoup de gens parlent de musulmans sans avoir connaissance de ce qui les déterminent en tant que tels (l'islam).Bien à vous.

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  11. Ice ?
    "Taxonomique" est un mot qui ne s'applique qu'aux végétaux (Cf. Taxon)
    Ce n'est pas en utilisant un maximum de mots de plus de trois syllabes qu'on arrive ni à avoir raison ni à passer pour intelligent.
    Figurez-vous qu'il y a des gens bien différents de vous (âge, masse, taille, sexe, etc) qui ont parfois aussi fait des études et aux yeux de qui vous passez juste pour ce que vous êtes : un verbeux.
    Et arrêtez de couper les cheveux en quatre : fondamentalement, le racisme et la xénophobie sont bel et bien la même chose : des symptômes de retard psycho-affectif lourds.
    Ah merde, Psy-cho-af-fec-tif, 5 syllabes...


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